SignalDrift

Transmission de l'information

Introduction

Avis à l'auditeur

Ce mémoire que vous pouvez écoutez provient d'une recherche et d'une réflexion sur les relations entre nous, avec notre environnement et les techniques autour des signaux et les théories qui en découlent. Certains concepts et termes spécifiques proviennent de mon intérêt personnel de les mentionner, étant eux-mêmes au cœur de ma pratique des ondes. Mon intention reste de donner une approche détaillée de ce qui compose et définit mon environnement et la manière dont j'interagis avec.

Définitions & concepts

Information

“L’information” peut sembler une notion commune, utilisée relativement souvent et sa compréhension paraît intuitive, bien qu’elle recouvre différents sens. Chacun a une idée générale de ce qu’elle représente, sans pour autant avoir une définition précise en tête. Certains vous parleront des informations de telle heure à telle heure à la télévision ou à la radio, d’autres vous parleront de probabilité, d’économie, de psychologie. Les plus fous vous parleront même de physique quantique. Et pourtant, dans leur acceptation quotidienne de la notion d’information, ils ont tous quelque part raison, sans pour autant que celle-ci repose sur une définition commune. En réalité, il n'existe pas de définitions précises et faisant consensus du concept “information”. De multiples définitions subsistent et se côtoient selon les disciplines.
Pour donner un socle de départ commun, il faut comprendre de quelle manière elle est utilisée. Son terme venant du latin informare renvoie à la faculté de modeler, de donner forme, d’instruire. L’information c’est prendre “connaissance” de quelque chose. Elle est une invention des êtres vivants, elle est immatérielle. Pourtant, elle leur/nous est utile pour définir un mouvement de compréhension et d’analyse de leur/notre environnement. Elle n’est pas de manière innée une information, il n’y a pas un état informatif : il faut une démarche pour que l'information prenne son envol.

Signal

Le signal est le transmetteur de cette information. Il est le vecteur perceptible, dans un acte de transmission qui lui donne forme. Une information sans transmission, sans son mouvement, n’existe tout simplement pas. Dans le monde physique, c'est-à-dire celui où l’information possède sa matérialité observable, il se comporte comme une variation d’une grandeur physique mesurable et/ou détectable. Elle varie en fonction du temps, de l’espace ou d’une autre variable indépendante.
Il faut voir cette variation comme une énergie se déplaçant dans le flux constant de notre environnement, elle contient les informations sur les caractéristiques de ce qu’elle traverse, les objets et événements à un instant donné et sur la succession de ces états. “L’énergie n’est pas l’information mais l’énergie contient l’information”[1].

  • [1]LUYAT, Marion. La perception. Les Topos, 2014. 17 p.
  • Système de communication

    L’information transportée par le signal s’inscrit, fondamentalement, dans le système de communication basique dans l'ordre suivant : source - message - émetteur - signal - canal - signal reçu - message - récepteur - destinataire. Par exemple lorsque je crie “tout de suite !” à un ami qui m’appelle, je suis l’émetteur, lequel s’identifie pratiquement avec la source ; l’air à travers lequel voyagent les ondes sonores que j’ai émises est le canal ; “tout de suite !” est le message qui atteint finalement les oreilles, les récepteurs de mon interlocuteur ; le destinataire. De ce point de vue, le message équivaut à l’information transmise, isolée qui, s’ajoutant à d’autres, permet de constituer un message plus complexe.
    Ce système de communication est à la base de l’organisation de nos vies car les signaux en sont la matière première grâce à quoi tout être ou objet communique avec d’autres.

    Médium

    Tout processus impliquant un transfert d’une information inclut un médium. Il est, par définition, “ce qui sert de support et de véhicule à un élément de connaissance ; ce qui sert d’intermédiaire, ce qui produit une médiation entre émetteur et récepteur”[1].
    Le médium, dans ce but de communication d’un signal, est donc un moyen de transmission de l’information contenue dans le message incluant une émission et une réception de celui-ci. Il n’apparaît pas seulement dans les techniques de communications modernes inventées et utilisées par notre espèce mais il apparaît dans toutes interactions d’individus ou objets incluant une émission et une réception qui usent des médiums pour transmettre un signal. Ce médium est un moyen technique de transporter l’information, un espace de transition essentiel pour le système de communication entre une source et un destinataire. Il se situe de ce fait au milieu du schéma du système de communication, entre l’émetteur et le récepteur.
    Un médium agit rarement seul pour permettre une communication, l’information transmise passe automatiquement à travers plusieurs processus pour atteindre un destinataire. On peut alors parler de dispositif utilisant de multiples moyens de transmission, un espace “médiatisé” dans lequel le flux de l’information peut librement se glisser.

  • [1]MEDIUM : Définition de MEDIUM. Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales. 2012
    https://www.cnrtl.fr/definition/médium
  • Perception

    La perception est la captation du signal contenant l’information, elle renvoie à la représentation, c’est à dire l’image, la prise de conscience que l’on a d’une chose, d’un événement, voire à l’idée que l’on s’en fait.
    Concernant toute espèce, animale ou humaine, la première utilité de la perception est de définir les meilleurs conditions de survie. Des ajustements plus ou moins importants en fonction des changements de l’environnement peuvent se produire entre l’organisme et celui-ci. L’animal doit prendre “connaissance” de son environnement pour y évoluer.
    Au delà de ce besoin d’adaptation dans un environnement, la perception pour un être vivant est à la base de toute interaction sociale avec ses semblables. Appelée perception sociale, elle désigne l’ensemble des processus par lesquels nous nous donnons une connaissance de nous-mêmes et prenons une connaissance des autres.
    La perception est une fonction du corps au même titre que la respiration ou la digestion. Elle permet de connaître notre environnement par la détection d’informations utiles à notre évolution dans celui-ci.

    Sémiotique

    C'est la discipline qui étudie les signe, ou plutôt comment ils s’organisent ensemble au regard de l’interaction sociale, elle permet de se demander s'ils permettent à l’individu de percevoir et interagir avec son environnement et de vivre dans la société. Nous semblons en tant qu’espèce être motivés par un désir de donner du sens : avant tout, nous sommes signifiants. De manière distincte, nous donnons du sens à travers notre création et notre interprétation de “signes”. Charles Sanders Peirce, philosophe américain, fait partie des personnes ayant constitué un modèle dominant de ce qui constitue un signe. Selon lui “nous ne pensons qu’en signes”[1] : ils prennent la forme de mots, d’images, de sons, d’odeurs, de saveurs, d’actions ou d’objet, mais ces choses n’ont pas de sens intrinsèque et ne deviennent des signes que lorsque nous les investissons de sens. “Rien n’est un signe à moins qu’il ne soit interprété comme un signe”, déclare Peirce.
    On reconnaît donc un signe non pas parce qu’il est, mais parce qu’il nous renvoie à une convention, une définition que l’on a appris nous permettant de lui donner forme. Et de ce fait, il faut que l’émetteur et le récepteur dans un système de communication aient un code commun ; un code, c’est à dire une série de règles qui permettent d’attribuer une signification au signe[2].

  • [1]PEIRCE, Charles Sanders. Selected philosophical writings. Vol. 2 (1893-1913). The Peirce Edition Project. 1998. 10 p.
  • [2]ECO, Umberto. Le signe. Le Livre de Poche. 1992. 33 p.
  • Perception écologique

    Développée par James J. Gibson[1] elle se base également sur les codes de la sémiotique pour définir la perception visuelle : Il refuse l’idée selon laquelle elle n’est basée que sur les informations sensorielles. Elle doit également se baser sur des informations écologiques puisant en dehors de notre relation physique à un espace, elle doit venir de nos sources environnementales d’où son terme de “perception écologique”, ou plutôt "validité écologique".
    La perception peut être le produit, le résultat de la détection de l’information contenue dans les signaux grâce aux systèmes perceptifs lorsqu’elle est comprise dans le sens de “représentation”.

  • [1]GIBSON, James Jerome. Approche écologique de la perception visuelle. Editions Dehors. 2014
  • Stimulus-réponse

    C'est un processus de communication dans lequel il n’existe pas de code, et dans lequel il n’existe donc pas de signification. Le stimulus est une cause "naturelle" qui provoque une émission d'un signal sans pour autant qu'il soit intentionnel, la réponse du destinataire est de l'ordre d'un reflexe "physique naturel".

    Télécommunications

    Elles transfèrent l’information à travers des dispositifs visuels, sonores, électromagnétiques, etc. Ces moyens de communication sont définis comme des systèmes de télécommunication, des procédés de transmission d’information à distance.
    On peut inclure les systèmes de télécommunication dans ce schéma de compréhension de l’information reçue défini par la sémiotique, à l’exception que le récepteur doit posséder le même exact code que l’émetteur sinon le message ne sera pas compris. C’est à la base de tous systèmes de télécommunication moderne incluant l’analyse de l’information dans le but de la comprendre et de la transmettre.

    Schizophonie

    R. Murray Schafer, en vue de décrire l’arrivée au XXe siècle de ces nouveaux moyens de communication du son, parle de schizophonie : schizo le préfixe grec de “fendre”, “séparer” et "phônê" le mot grec de “voix”. “La séparation d’un son original de sa transmission ou de sa reproduction électroacoustique”[1], applicable à toute autre information transmise à l’aide d’un système de télécommunication. Le désir de cette séparation du message à sa source est une réaction normale à l’expansion de nos sociétés voulant créer des espaces de communication étendus.

  • [1]SCHAFER, Raymond Murray. Le paysage sonore. Wildproject Editions. 2010. 141 p.
  • Onde

    “Une onde est la propagation d’une perturbation produisant sur son passage une variation réversible des propriétés physiques locales du milieu”[1].
    Physiquement parlant, une onde est une zone de l’espace dans lequel les propriétés sont modifiées. On affecte alors à chaque point de l’espace des grandeurs physiques.
    De manière générale une onde se définit par trois valeurs : la fréquence, l’amplitude, et la phase. La fréquence (en hertz) est le nombre de pic d’ondes qui passent devant un point en une seconde. L’amplitude est la distance entre la position moyenne et le sommet ou le creux d’une onde, elle définit son intensité. La phase définit la hauteur d’une onde en un point.

  • [1]GOLDSMITH, Mike. Les ondes. EDP SCIENCES. 2023. 8 p.
  • Onde mécanique

    Les ondes mécanique sont une propagation d’une perturbation dans un milieu matériel ; lors de son émission, il y a un transport d’énergie sans transport de matière. Les vagues qui se propagent dans l’eau sont des ondes mécaniques, mais aussi le son ou les ondes sismiques qui peuvent se transmettre dans les fluides et les solides. Les paramètres qui pourraient différencier toutes ces différentes ondes mécaniques seraient leur intensité, leur fréquence et la matière qu’elles traversent.

    Onde électromagnétique

    Un fil parcouru par un courant électrique alternatif qui change de sens à intervalles réguliers, le champ électrique associé change aussi de direction générant un champ magnétique, ce même champ magnétique va générer un autre champ électrique bref et changeant, vers un nouveau champ magnétique bref et changeant, et ainsi de suite, indéfiniment. Ensemble ces changements entre ces deux champs constituent une onde électromagnétique.
    Elle n’a besoin d’aucun milieu pour se déplacer et, dans le vide, elle avance à une vitesse précise, à 299 792 458 mètres par secondes. Elle traversent soit des milieux opaques à certaines fréquences et soit transparents partiellement ou entièrement à d’autres.
    La nature d’une onde électromagnétique se définit principalement par sa fréquence d’onde dont la lumière visible se trouve entre 384 THz et 789 THz. Dans des fréquences plus faibles nous trouvons les infrarouges, les micro-ondes et les ondes radios et dans les plus élevées, les ultraviolets, les rayons X et les rayons gamma. Ils constituent ensemble le spectre électromagnétique. La tranche occupée par la lumière est de loin la plus étroite. Si ces sept types de rayonnement nous semblent très différents, c’est uniquement parce que nous les détectons et les utilisons de manière différente. En réalité, ils ne diffèrent que par leur fréquence d’onde.

    Time-continuous signal

    C'est un signal analogique défini comme toutes les valeurs d’une variable temporelle.

    Time-discrete signal

    Elle se définit seulement à des instants discrets du temps, c’est à dire qu’une valeur sera prise dans un intervalle défini de ces instants pouvant être n’importe quel intervalle de temps, de l’ordre de la milliseconde ou même de l’année, dépendant du signal voulant être traité.

    Traitement des signaux

    Le traitement de signal est un processus qui opère sur un signal en entrée pour produire un autre signal en sortie. Imaginons un microphone, transducteur de l’information sonore de la voix qui convertit la pression de l’air en intensité électrique alors qu’ils varient tous les deux dans le temps. Chacune de ces deux manifestations de l’information sonore sont des signaux, l’un d’eux sous la forme d’un signal d’une intensité électrique qui varie dans le temps. L’information sonore peut être transportée à travers des conducteurs électriques, elle peut subir une amplification ou d’autres transformations puis elle peut être convertie à nouveau comme une plus forte onde acoustique, voire modifiée, à l’aide d’un haut-parleur, qui est un autre transducteur[1].

  • [1]PRIEMER, Roland. Signals and signal processing. Introductory signal processing (advanced electrical and computer engineering). World Scientific Publishing Company. 1990. p. 1-9
  • Analog to Digital Converter (ADC) / Digital to Analog Converter (DAC)

    C’est un appareil électronique convertissant le signal analogique, alors qu’il varie dans le temps, en une séquence de nombre. La séquence de nombres représente le signal par périodes. Elle peut, avec cette forme digitalisée, être introduite dans un ordinateur capable de performer une analyse ou un traitement encore plus poussés sur un signal, pouvant ensuite être reconvertie en signal analogique avec un Digital to Analog Converter pour DAC. Cela consiste à échantillonner un signal continu, analogique et de convertir ses valeurs en un format numérique interprétable. Des méthodes on été développées pour analyser des signaux analogique en temps réel. Pour cela il est important pour ces systèmes de définir une fréquence d’échantillonnage, c’est à dire à quelle fréquence un signal analogique doit être échantillonné.

    Digital Signal Processing (DSP)

    Il englobe les mathématiques, les algorithmes et les techniques utilisées pour manipuler ces signaux continus après qu’ils aient été convertis en une forme digitale voire même d'en créer de nouveaux. Il a permis des changements révolutionnaires déjà apportés dans un large champ d’applications : les communications, l’imagerie médicale, les radars et sonars, ou la reproduction musicale de haute fidélité pour n’en citer que quelques-uns. “Supposons que nous attachons un Analog to Digital Converter à un ordinateur et nous l’utilisons pour acquérir un morceau de données du monde réel. Le DSP répond à la question : que faire ensuite ?”[1].

  • [1]SMITH, Stephen William. The breadth and depth of DSP. The scientist and engineer's guide to digital signal processing. California Technical Pub; First Edition. 1997. p. 1-10
  • Discrete Fourier Transform (DFT)

    Cette équation trouve son origine d’un article présenté par Joseph Fourier en 1807 à l’Institut de France sur l’usage de sinusoïdes pour représenter les distributions de température dans un solide.
    L’équation de Fourier permet de décomposer un signal complexe et met en valeur ses propriétés fréquentiels dans une conversion du domaine temporel au fréquentiel. Elle est appelée discrète car elle est justement applicable sur des signaux numérisés, une application limitée jusqu’à l’arrivée des ordinateurs plus d'un siècle plus tard pouvant traiter de plus en plus de données de plus en plus rapidement, presque en temps réel[1].

  • [1]SMITH, Stephen William. The discrete fourier transform. The scientist and engineer's guide to digital signal processing. California Technical Pub; First Edition. 1997. p. 141-168
  • Notation prescriptive

    C'est une notation musicale qui joue le rôle de fournir les indications sur les sons à produire. C’est une notation “conventionnelle” largement reconnue qui introduit par la même occasion la notion de verticalité de la fréquence ou de la hauteur, comme par exemple dans les partitions. Elle permet de représenter une dynamique musicale qui conserve des traces de son origine visuelle.

    Notation descriptive

    Elle transcrit des sons déjà émis. Elle donnent des sons une description physique exacte dans l’espace nécessitant une technique où les paramètres de base peuvent se définir et se mesurer par rapport à des échelles quantitatives, ces paramètres étant en général la fréquence et l'intensité. Cette notation a pour but d'étudier le comportement des phénomènes sonores pouvant mener à une meilleure compréhension de ceux-ci.

    Musique concrète

    "La musique concrète, elle, est constituée à partir d'éléments préexistants, empruntés à n'importe quel matériau sonore, bruit ou son musical, puis composés expérimentalement par un montage direct, résultat d'approximations successives, aboutissant à réaliser la volonté de composition contenue dans des esquisse, sans le secours, devenu impossible, d'une notation musicale ordinaire"[1].

  • [1]SCHAEFFER, Pierre. A la recherche d'une musique concrète. Editions du Seuil. 1952. 35 p.
  • Domaine temporel

    Permet une observation d'une variation d'amplitude quelconque au cours du temps.

    Domaine fréquentiel

    Il permet, à un intervalle temporel donné, quelle proportion du signal appartient à telle ou telle bande de fréquence.

    *

    Spectrogramme

    Graphique dont l'intensité est rendue dans ses nuances de couleurs. Il permet une image en "deux dimensions" pour le suivi instinctif d'un signal dans son axe temporel et fréquentiel.

    Musique "à priori"

    Ses créateurs s'inquiétaient de la rigueur intellectuelle et de l'emprise de l'intelligence abstraite sur le matériau sonore. "Plus les règles seront strictes et les calculs minutieux, mieux l'auteur sera préservé de ses propres caprices, de ses préférences inconscientes qui risqueraient de masquer son asservissement à des habitudes réflexes"[1]. Dans ce fonctionnement, c'est la science qui garantit la correspondance entre la construction de l'objet concret et la construction intellectuelle. Le compositeur, l'artiste est amené à utiliser des appareillages électroniques et à se familiariser avec la notion de paramètre et avec le calcul de la variation de tout phénomène en fonction de ces paramètres.

  • [1]SCHAEFFER, Pierre. Traité des objets musicaux. Editions du Seuil. 1966. 20 p.
  • Matière/forme

    Un son pourrait être comparé à une matière possédant une certaine forme. un objet concret décontextualisé et utilisable avec d'autres sons prélevés dans des contextes totalement différents est cette "matière", au sens schaefferien du terme, qui peut alors être sujette à un travail morphologique.

    typo-morphologie

    Elle est née des réflexions de Schaeffer à partir de l'écoute réduite lui permettant de caractériser et de réaliser un premier classement des objets sonores.
    La morphologie suppose l'idée de contour, de délimitation d'une unité. Elle tend donc vers une qualification de l'objet dont l'aspect temporel est un trajet qui façonne la matière, il possède une temporalité de forme. "La morphologie reçoit de la typologie des fragments tant bien que mal prélevés dans le continuum sonore, aux fins de les évaluer, de les qualifier"[1].

  • [1]SCHAEFFER, Pierre. Traité des objets musicaux. Editions du Seuil. 1966. 397 p.
  • Les unités sémiotiques temporelles (UST)

    Elles s'inscrivent dans des durées de mémorisation fluctuant, selon leur nature, entre les valeurs longues qui s'étirent au-delà de la mémoire immédiate et les valeurs brèves qui se limitent au pouvoir séparateur de l'oreille. "La pratique des musiciens les mène à appréhender les phénomènes sonores plutôt par des considérations de sens plutôt que par des considérations typo-morphologiques, comme le propose Schaeffer. C'est à dire qu'à travers ce qu'ils évoquent en arrière-plan, soit au niveau des images suscitées par les sons, soit au niveau de l'aventure de la matière sonore elle-même"[1].
    "Une Unité Sémiotique Temporelle est un segment musical, même hors contexte qui possède une signification temporelle précise due à son organisation morphologique"[2].

  • [1]Les UST. Laboratoire Musique et Informatique de Marseille
    http://www.labo-mim.org/site/index.php?2008/08/11/24-les-ust
  • [2]Les UST
  • Source de bruit

    Claude Shannon considère le cas dans lequel un signal est perturbé par cette source de bruit pendant sa transmission.
    Le signal ne subit pas les mêmes perturbations lors de sa transmission. Dans ce cas, nous supposons que le signal reçu est en fonction du signal émis et d'une variable indépendante, le bruit. Shannon considère donc que le signal reçu possède deux canaux, celui du signal émis, et celui de la source de bruit. On pourrait comparer ce rapport comme un signal qui va modifier un autre différent, pour qu'en sortie se crée un nouveau.

    Entropie de Shannon

    Correspond à la quantité d'information contenue ou fournie par une source d'information. Plus la source émet d'informations différentes, plus l'entropie sera grande, et plus il sera difficile pour que le récepteur puisse définir sans ambiguïté ce que la source a transmis.
    Il considère que la source et le destinataire possèdent leur entropie respective, par exemple si elles sont égales, alors ce n'est pas un cas où il y a une perturbation du signal. Puis il considère qu'entre les deux, il y a deux incertitudes qui conditionnent le signal, l'une quand le signal émis est connu et l'autre quand c'est le signal reçu. On peut donc définir le rapport entre le signal émis et le signal perçu passant au travers de ce canal de bruit comme deux fonctions qui se conditionnent si une des deux n'est pas connue de l'autre.

    Son non désiré

    c'est un son non musical dans la mesure où il ne possède pas les mêmes propriétés périodiques d'un son musical.
    elle fait du bruit un terme subjectif dans une détermination des sons indésirables à l'intérieur d'une société en fonction d'un certain consensus de la population. "La musique de l'un peut être le bruit de l'autre"[1].

  • [1]SCHAFER, Raymond Murray. Le paysage sonore. Wildproject Editions. 2010. 266 p.
  • The medium is the massage

    "Le médium est le message", une formulation qui provient du livre The Medium is the Massage de Marshall McLuhan et Quentin Fiore publié en 1967. "Massage" car McLuhan voulait jouer sur les mots pour souligner comment le médium affecte notre perception et nos sens. D'après lui, les caractéristiques du médium façonnent la manière dont le message est reçu et interprété.
    Il voit donc les technologies comme une extension des capacités humaines comme la roue prolongeant la capacité de marcher, les vêtements comme prolongement de la peau humaine et les médias électroniques comme des extensions de notre système nerveux central. Ces extensions ont un impact sur nos perceptions et nos intéractions avec le monde.

    Effet sonore

    L'effet sonore semble recouvrir l'interaction entre l'environnement sonore physique, le milieu sonore d'une communauté socio-culturelle et le paysage sonore interne à chaque individu. Cette définition s'applique logiquement à toute forme de perception bien que certaines circonstances de l'environnement peuvent influer différemment la perception de la lumière par rapport à celle du son. Mais les effets se rejoignent sur une certaine consistance de nos rapports au monde. Le corps, les sens, les émotions, la perspective d'un espace deviennent alors étroitement liés à notre expérience de celui-ci par tous les moyens possibles. L'effet est une manifestation d'un phénomène qui accompagne l'existence d'un objet se plaçant comme l'intermédiaire avec l'observateur. "Toute perception suppose quelque effet, c'est-à -dire un travail minimal d'interprétation"[1].

  • [1]AUGOYARD, Jean-François. TORGUE, Henry. A l'écoute de l'environnement, répertoire des effets sonores. Editions Parenthèses. 1995. 11 p.
  • Auto-creative art

    "L'art auto-créatif est l'art du changement, de l'évolution et du mouvement" explique son fondateur Gustave Metzger.[1].
    L'art auto-créatif n'est pas figé dans sa forme, il s'inscrit dans un mouvement interne aléatoire dont l'artiste écrit les règles et un protocole à suivre. L'échange esthétique et significatif avec l'artiste s'inscrit dans un renouvellement de la forme constante imposé par le matériau, la technique, le médium qu'il va utiliser.

  • [1]METZGER, Gustave. Auto-creative art. Mathieu Copeland Editions. 2013. 11 p.
  • Ma tête résonne

    Ma tête résonne - texte performé

    -
    Cela fait plus d'un an, dans mon monde, à Marseille.
    Un temps suffisant pour redéfinir ma perception et développer de nouvelles sensations.
    J'étends mon expérience comme un spectateur.
    Un spectateur conscient, s'efforçant de trouver sa place, pris d'assaut par tous les signaux qui l'entourent.

    Sans surprise, je reste perdu.

    Je sais qui je suis et ce que je fais.
    Mais je suis débordé par le quotidien.

    Je veux vivre autre chose.

    Mon réel, c'est votre réel ; on le perçoit, on l'interprète, mais seulement, je veux y trouver un autre sens.
    Trouver un espace dans lequel je peux m'échapper sans m'échapper de la réalité.
    Là où je peux percevoir les mêmes choses, mais les ressentir autrement.

    On a tous sûrement déjà eu ce moment où, en contemplant ce qui nous entoure, on se retrouve happé dans un paysage perceptif dont la complexité et la beauté sont inexplicables. On en a le souffle coupé.
    C'est un dérèglement, une irrégularité du réel, qui exerce un attrait tel que nos sens s'y égarent et y trouvent du plaisir.

    Cet effet se définit bien dans cette sensation de plénitude - hors contexte.

    Je l'ai ressenti souvent de manière aléatoire quand j'étais enfant, puis de moins en moins en grandissant.
    C'est souvent dans les transports maintenant, entre l'endormissement et la contemplation du dehors de la fenêtre.

    Je la sens, cette brisure, cette courbure, ce décalage.
    C'est une faille dans mon monde, un effritement qui m'envoie le message de rentrer en résonance avec lui.

    -

    Je me retrouve au milieu de l'océan, lâché hors contexte dans l'eau, comme un nouveau-né découvrant pour la première fois la lumière par ses yeux et la vibrance sonore captée par le regard intérieur.

    Je n'accompagne pas le mouvement des vagues, sinon j'irais partir au loin avec elles.
    Je bouge avec les molécules d'eau elles-mêmes. Je me confonds avec les particules qui composent cette étendue.

    Ce mouvement est oscillatoire, comme un signal, tel une onde sonore.
    Peu importe la source qui lui donne sa forme, une pierre tombante, la force du vent à plusieurs kilomètres de là. Même si c'est un événement unique, il se précède d'une multitude de vagues, régulières ou non, influant sur mon espace perceptif dans le temps.

    Dans cette temporalité, j'y trouve des formes diverses.
    Ce bourdonnement continu, grave, me fait vibrer de la tête aux pieds. Quelques secousses me font presque sauter, des claquements aigus brefs atteignent mes oreilles.
    Il y a un défilement vif de lignes, les figures se suivent, de part et d'autre de ma vision brouillée. D'un coup, je suis envahi par l'obscurité suivie de flashs lumineux. Puis revient la lumière venant par l'avant.

    J'identifie mon espace par cet enchaînement de phénomènes.
    J'aperçois le mouvement par le son, la vision. J'identifie mon espace temporel.

    Il y a cette énorme usine au loin qui m'intrigue toujours autant, elle se déplace lentement.
    Quelques antennes radio sur les côtés de la route captent automatiquement mon attention.
    Elles sont magnifiques. Je me demande ce qu'elles peuvent ressentir elles aussi.

    La réflexion est revenue, un semblant de contexte réel revient dans ce que je perçois.

    Ah oui, je suis dans le bus.

    Mais ça m'est indifférent.
    Peu importe le temps qu'il me reste. Je préfère retourner dans l'eau. Tempête ou brise des vents.
    Dans ce contexte des formes, rempli de significations temporelles.

    Je suis au niveau de la machine, je ressens comme elle, je reçois sans jugement.
    Ma seule différence est de pouvoir mettre en volume ces formes dans une évolution de mon espace mental.

    -

    J'y ressens l'immatériel qui se déplace, les signaux qui me font vibrer intérieurement.
    Le dialogue entre moi et ma conception de mon environnement.

    Je veux partir dans cette quête d'une dérive sacrée qui, espérons-le, porte en elle un sens profond.

    L'information rebondit.
    J'appelle ça résonance.

    -

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    Conclusion
    Ch.3 Pt.2
    Ch.3 Pt.1
    Ch.2 Pt.3
    Ch.2 Pt.2
    Ch.2 Pt.1
    Ch.1 Pt.2
    Ch.1 Pt.1
    Introduction